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La terre oubliée
20 mars 2009

chapitre VIII - 1 -

A ces mots, à l’étage supérieur, la salle s’emplit de cris de joie. Sans trop comprendre à quoi ils avaient échappé, Cosar et Kemald se congratulaient en se donnant de fortes claques dans le dos. Incluant Yorick dans leurs embrassades, il le lâchèrent au bord de l'étouffement, le frêle biologiste du s’appuyer contre le mur afin de reprendre son souffle. Korthord restait à l’écart, regardant en souriant cette scène de liesse. Ses yeux se portèrent sur le couple que formaient Zohan et Myriana. A l’annonce de la bonne nouvelle, la jeune fille s’était tournée vers le futur prince, le sourire aux lèvres, les yeux brillants de bonheur, et ils s’étaient retrouvés, comme par magie, dans les bras l’un de l’autre, en train d’échanger un long baiser. Ils se détachèrent l’un de l’autre avec beaucoup de difficultés et de confusion. Une légère rougeur colora les joues de Myriana, et Zohan baissa les yeux, embarrassé. Ils restèrent là à quelques pas l’un de l’autre, ne sachant quelle attitude adoptée. Cette gêne fut effacée par le retour de Pirios et Tallié qui furent accueillis en héros par le reste du groupe.

Tallié avait un sourire éclatant, les yeux éblouis. Lui d’habitude si prolixe ne disait plus rien. Il était là, au milieu de tout ce qu’il avait recherché au cour de sa brève existence et se sentait le plus heureux des hommes. Son regard ne cessait d’aller des savants à ces machines que Myriana avait appelées ordinateurs. Les signes étranges qui recouvraient la tablette placée devant l’écran ne cessaient de l’attirer et de le dérouter. Doucement, sans s’en rendre compte, il approcha et tendis le doigt pour appuyer sur une de ces touches. Une main douce et blanche arrêta son geste. Surpris, il posa son regard sur cette main dont il sentait la chaleur envahir son poignet. Il releva les yeux et se retrouva inondé de bleu. Ses yeux étaient rivés à ceux d’Helen.

-  Ne touchez à rien, s’il vous plait, lui dit-elle d’une voix tranquille, sans le savoir vous pourriez effacer des données.

- Heu… Je… heu… voulais juste.. bégaya t’il. Il s’arrêta ne sachant que dire, ému par le sourire de la jeune terrienne.

Zohan, voyant son ami se dandiner d’un pied sur l’autre, éclata de rire. Ce rire clair et franc qui s’éleva dans la pièce dissipa l’embarras ressenti par Tallié et il joignit ses rires à ceux de son ami, heureux de leur découverte, heureux de la beauté d’Helen, heureux de se savoir vivant tout simplement.

Pendant que Marvin expliquait la situation à Pirios, Helen, couvée des yeux par un Tallié très intéressé, entreprit de vérifier les données de l’ordinateur.

- Le système énergétique n’a subit aucun dommage. La centrale est toujours opérationnelle, leur dis t’elle, et autonome. Les robots ont continué leurs taches sans problème, remplaçant les pièces usagées. Tiens tiens !!! Voilà qui est intéressant. On dirait qu’un léger séisme se soit produit il y a quelques jours dans cette région, et que l’épicentre ai justement été ici, c’est cela qui a du entraîner la mise en route du compte a rebours. Il a toujours été prévu qu’en cas d’attaque la centrale s’autodétruirait, le séisme a du passer aux yeux d’Elix pour une agression extérieure. Oui tout ça se tient, murmura t’elle en continuant d’examiner les données fournies par l’ordinateur. Par contre… aucun message de la Terre, c’est le black out total. Rien qui puisse expliquer ce qui s’est passé, et quoi que cela ait pu être, rien n’indique qu’ils aient tenté de rétablir les communications. C’est comme si… comme s’ils nous avaient … oubliés.

Disant ces mots, elle se tourna vers ses deux compagnons, blanche comme un linge. Elle lut dans leurs regards toute la détresse qu’elle ressentait elle-même. Et, lentement, la compréhension des derniers événements pris place en elle. 1000 ans, cela faisait 1000 ans qu’ils étaient là, endormis, dans l’attente d’un hypothétique retour vers leur Terre, vers leur famille, leurs amis, leur univers. Même si maintenant le vaisseau apparaissait, rien ne serait pareil, tout ce qu’ils avaient connu avait disparu dans les méandres du temps. Elle clignât des yeux, sentant les larmes monter, et en laissa couler une seule, une larme unique sur son passé à jamais enfui.

Tallié eu instinctivement envie de la prendre dans ses bras, de la consoler, mais le respect qu’il commençait à ressentir pour cette femme qui malgré son chagrin savait rester digne, le retint. Elle effaça toute trace de pleurs de son visage et se tourna vers Myriana :

- Et maintenant ? Que faisons-nous ?

Pirios prit la parole, sa voix était calme, presque détachée.

- Il est inutile de pleurer les morts, cela ne les ramènera pas. Il faut maintenant penser à l’avenir, au notre et au leur. Nous avons ici tout ce qu’il faut pour faire renaître la société telle que nous la connaissions et …

- Non ! Le cri de Myriana le stoppa net. Non Professeur ! Désolée. Votre société, la vie terrienne ne renaîtra pas de ses cendres. Alea ne le permettra pas, nous ne pouvons vous laisser renouveler les erreurs du passé. Regardez ou cela vous a mené avec le missile qui s’est écrasé ici, la Terre a peut être subit une attaque similaire. Ces gens ont institué un mode de vie satisfaisant. Ils n’ont ni délinquance, ni pollution. Il y a bien sur des choses à améliorer, et vos connaissances, notre façon de pensée pourra leur être utile. Mais rien ne doit changer radicalement. C’est leur planète, leur façon de vivre.

L’étonnement se lut sur le visage de Pirios. Il allait répliquer lorsque Marvin, d’une pression de la main, lui imposa le silence.

- Elle a raison, elle sait de quoi elle parle. Les cl… heu .. les habitants de cette planète ne doivent pas connaître notre existence avant d’être prêts à l’accepter, avec toutes les révélations, les conséquences que cela entraîneraient pour eux.

Il lança au professeur un regard appuyé, regard que Zohan fut le seul à capter. Il porta toute son attention sur le jeune savant. Son premier réflexe avait été le recul quand à son attitude envers lui. L’examen qu’il avait voulu lui faire subir lui était resté en travers de la gorge. Il portait sur le visage un air rusé, retord, supérieur que Zohan n’appréciait en aucun façon. Le bruit de la conversation entre Myriana et le reste du groupe lui fit oublier Marwin.

- Nous ne pouvons tous repartir vers Sarkir, expliquait la jeune femme. Une troupe trop nombreuse se ferait remarquer, surtout vous deux, ajouta t’elle en se tournant vers Helenn et Marwin. Vous êtes trop terriens pour passer inaperçus, et de toute manière nous n’avons pas assez de chevaux.

- Mais, de toute façon, déclara Pirios, il faut que au moins l’un d’entre nous reste ici pour tout remettre en marche, et surveiller l’état des installations.

Tallié s’avança, les yeux illuminés par une idée qui venait de lui traverser l’esprit.

- Je resterai. J’aimerai en apprendre plus sur ces… heu… ces ordinateurs.

- Bien ! Intervint Zohan, tu resteras ici en compagnie de Marwin et d’Helenn… Il vit le geste de Yorick. Oui Yorick tu peux rester aussi. Je suppose que tu veux étudier toute cette flore que nous avons traversé. Korthord je vous demande de rester également afin de veiller à leur sécurité.

L’immense garde impérial hocha la tête, caressant distraitement la garde de son épée.

Zohan reprit :

- La nuit doit être tombée dehors, nous repartirons demain à l’aube.

Au petit matin, le groupe de Zohan était équipé de pied en cape pour le voyage de retour. Pirios avait revêtu des vêtements appartenant à Yorick afin de passer, aux yeux des habitants de l’Empire, pour un membre de la troupe.

Zohan faisait ses adieux à Tallié, les autres l’attendaient, déjà montés sur des chevaux piaffant d’impatience.

- Méfies toi de ce Marwin, lui recommanda t’il discrètement. Il ne m’inspire aucune confiance.

Tallié sourit aux mots de son ami, il le savait inquiet de le laisser ainsi avec les deux étrangers.

- Ne t’inquiètes pas, je le surveillerai. Vas maintenant, portes de nos nouvelles à l’Empereur !

Zohan sauta en selle, et sans attendre, donna le signal du départ. Les cinq chevaux partirent à fond de train en direction des collines d’ou ils avaient contemplé le soleil se lever la veille.

Tout en chevauchant, Zohan se remémorait tout les évènements qui en quelques heures avaient bouleversé sa vie. Il y avait moins d’une semaine, il n’était encore que le fils unique du Prince des trois vallées, promit à un avenir certes brillant mais si terne par rapport à l’aventure qu’il vivait maintenant. Son existence avait profondément changé et trop peu de temps pour qu’il soit à même d’analyser ou de comprendre les implications que cela aurait sur son avenir.

L’étonnement de Pirios devant l’amas de champignons géant se transforma en ébahissement à la traversée de la foret, même certains des arbres qui avaient semblé banals aux yeux du groupe d’aventuriers le surprenait. Il ne reconnaissait pas toutes ces espèces. Encore eurent ils la chance de ne pas renouveler les mauvaises rencontres des jours précédents. La traversée des Territoires du Sud fut plus courte au retour qu’a l’aller. Ils connaissaient le chemin et les danger à éviter. Comme à l’aller, Myriana les guidait à l’aide de sa boussole et il purent aller droit à travers la foret en direction des montagnes.

Ils franchirent dans la matinée du troisième jour le tunnel sous les montagnes Rimor. Le passage gardé jusque là secret par Myriana se révéla très utile pour raccourcir le voyage. Zohan demanda à la jeune femme de bien vouloir cacher sa chevelure indisciplinée. Le retour dans l’Empire les obligeait à sauver les apparences et une femme n’avait pas, selon les normes impériales, sa place dans une troupe en armes. Celle-ci, compréhensive, accepta sans sourciller, se disant qu’il serait toujours temps plus tard de bousculer un peu les mentalités.

A la sortie du tunnel, ils tinrent conseil. Ils gardaient en mémoire l’attaque qu’ils avaient subit le jour de leur arrivée dans les Territoires du Sud, ainsi que l’état du poste de garde, détruit vraisemblablement par une de ces araignées géantes. Kemald se proposa de partir en chasse de ce monstre, voulant éviter qu’il n’attaque d’autres habitations. Zohan lui donna son accord, avec d’autant plus de bonne grâce qu’il connaissait son manque de goût pour les mondanités qui les attendaient à Sarkir. Ils se séparèrent donc du jeune guerrier. Cosar aurait aimé l’accompagner, mais sa cheville foulée le faisait toujours souffrir, et il savait ne pouvoir supporter les longues heures de marches que nécessiterait la traque de leur gibier. Les adieux entre les deux amis faits, ils piquèrent des éperons en direction du lac Diurk

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